PEUGEOT 104 ZS 2 - ESSAIS

Le petit lion se fâche ! (Auto Rètro 1997)

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PEUGEOT 104 ZS 2
LE PETIT LION SE FACHE
(Auto rétro, hors série 1997)


Une ZS2 véritablement neuve ! extensions d'ailes, bandes latérales rouges, jantes Amil, teinte gris Vulcain
et spoiler avec monogramme sont spécifiques au modèle.


C'est très en retard sur la concurrence que Peugeot présente en 1979 pour ses clients les plus sportifs sa 104 ZS2 : une "super ZS" offrant la même puissance au cheval près qu'une R5 Alpine. Peut-on pour autant parler d'une 205 GTI avant l'heure ?

Avec seulement mille exemplaires produits entre janvier et mars 1979 - permettant ainsi à Peugeot d'homologuer sa petite citadine en groupe 2 - les Peugeot 104 ZS2 ne courent pas vraiment... les rues ! Et pourtant... Passionné de 104 depuis sa jeunesse. Richard Puy-Montbrun compte, parmi sa collection de dix 104, deux ZS2 : une en parfait état mécanique qui nous servira pour l'essai. et une autre "neuve", dont la restauration totale - grâce à Béatrice N'Guyen, Michel Farion de la Société migennoise automobile, le musée Peugeot et ses services pièces détachées et documentation mais encore l'Aventure Peugeot - frise la perfection : même l'habitacle sent le neuf ! Il est vrai que près de 200 000 F seront aussi nécessaires pour mener à bien ce travail de titan...


Discret, le look de la ZS2 n'a rien de tapageur. La plaque d'immatriculation reste "Peugeot" jusqu'au bout des ongles !

Série Z... comme Zola !
Nous voilà donc devant la bête. Extérieurement, si rien ne ressemble plus à une 104 qu'une autre 104, l'oeil averti reconnaîtra une ZS2 - en dehors de ses inscriptions "ZS2" à l'avant comme à l'arrière - à ses bandes latérales rouges sur une robe gris Vulcain, ses extensions d'ailes en plastique noir, ses jantes Amil en étoile et son petit spoiler. Autre détail pour les puristes : les deux petits plots sur les serrures de portes. De même, ne pouvant plus rentrer sous le capot moteur en raison de la présence de deux carburateurs double corps, la roue de secours est fixée à la banquette arrière dans le sens de la hauteur, ce qui a nécessité de découper une partie de la plage arrière. La contenance du coffre, déjà peu généreuse d'origine, est du coup réduite à sa plus simple expression, juste de quoi y caser un bac à casques et une clé en croix !
Passons dans l'exigu habitacle. Si les sièges en tissu noir, rehaussés de bandes rouges, participent à l'exclusivité de la ZS2, on découvre en revanche une planche de bord d'une pauvreté inouïe pour une auto à vocation sportive. Si celle de la ZS première du nom comportait une petite montre ainsi qu'un compte-tours du même diamètre, il s'agit ici ni plus ni moins de celle d'une Z bas de gamme : pas de manos de pression d'huile ni de température d'eau ! Il n'y a qu'un constructeur français pour proposer à l'époque une pingrerie pareille ! La bonne santé du moteur passe donc par des témoins lumineux qui s'allument quand il est généralement trop tard...
Résumons : deux cadrans ronds avec à gauche une jauge à essence et divers témoins et à droite un tachymètre gradué jusqu'à 200 km/h. L'instrumentation manquant cruellement de compte-tours, un modèle Jaeger gradué jusqu'à 8 000 tr/min sans zone rouge (!_) est fixé à même la planche de bord et orienté vers le conducteur.
II est vraiment curieux que Peugeot n'ait pas songé à greffer le tableau de bord ultra complet proposé en accessoire sur la ZS...


En raison d'une pauvreté inouïe pour une sportive, la planche de bord reçoit d'origine,
un peu maladroitement, un compte-tours Jaeger. Notez les bandes rouges des sièges.


La roue de secours Michelin en 145x13 (ici d'origine !) prend place à l'arrière : dommage pour les bagages !
Notez la découpe de la plage arrière.

C'est plus Z'amusant
Si à l'arrêt la ZS2 ne dépayse pas un propriétaire de 104 berline, il en est cependant autrement une fois le moteur en marche. L'échappement du quatre cylindres alimenté par une paire de Solex double corps laisse échapper quelques boborygmes rauques bienvenus qui laissent entrevoir quelque belle montée en régime... La commande de boîte reste celle d'une 104 (floue) tandis que le pédalier surprend par sa fermeté. Ne parlons pas de la direction camionnesque, amplifiée ici par une monte pneumatique non d'origine (185 au lieu de 165). En revanche, en raison de ses dimensions de citadine, la ZS2 se faufile aisément dans le trafic et les freins répondent présents à l'appel. Autre agréable surprise, la souplesse du moteur qui permet de rester en 3e ou 4e en parcours urbain. Le temps de se familiariser avec le comodo des clignotants curieusement à main droite et fragile à faire frémir, et nous voilà partis pour une ballade un peu plus musclée.


Dans un confort propre aux autos françaises, la ZS2 atteint les 173 km/h avec la plus grand facilité du monde.
Rien à voir avec une Peugeot 104 de base !

Un sacré numéro !
La ZS2 est une drôle de sportive. A bord, l'image de la 104 "pépère", voire de la LNA, est si tenace que c'est avec un grand étonnement que l'on se surprend à flirter avec... le fossé ! en effet, très brillant malgré ses 210 000 km d'origine (quelle fiabilité !), le moteur accepte de monter en régime dès 3 000 tr/mn sans rechigner, et surtout sans que l'on s'en aperçoive vraiment. Il suffit de presser l'accélérateur pour que le traînard qui vous bouche l'horizon avec sa Xantia Diesel disparaisse illico dans votre rétroviseur. Mais voilà, si Peugeot a la réputation de proposer des autos avant tout confortables, la ZS2 n'échappe pas à la règle et en ce sens, notre voiture s'apparente de prime abord plus à une "super 104" qu'à une sportive pure et dure. Un étrange compromis surtout lorsque, le bruit du moteur aidant, vous vous éclatez à pousser tous les rapports à plus de 6 000 tr/mn pour finalement frôler les 180 km/h dans un confort royal !
Conséquence logique, une belle courbe négociée à vive allure vous vaut quelques frayeurs, non pas que l'auto ne tienne pas la route, mais parce que la caisse - malgré des amortisseurs neufs - se penche exagérément, d'autant que vous ressentez quelques réactions peu engageantes dans le mignon volant trois branches. Hormis cette propension à se coucher en virage, la Peugeot avale la courbe avec la plus grande facilité du monde et une éventuelle tendance au sous-virage se corrigera aisément en levant le pied de l'accélérateur.
Enfin. mais vraiment histoire de pinailler vu les vitesses de passage déjà élevées, on note aussi un léger trou entre le 3e et le 4e rapport. Une boîte 1 000 tours aurait été bienvenue...


Ci-dessus, avec 93 ch DIN et deux Solex double corps, le comportement de la Peugeot 104 est transfiguré !

Discrétion assurée
Performante, la ZS2 n'est pas une auto à mettre entre toutes les mains. Non pas que sa puissance soit diabolique, mais la voiture est si confortable que l'on atteint très facilement des vitesses totalement prohibées sans s'en rendre compte !
Un oeil rivé sur le compte-tours est à ce titre hautement conseillé... Bref. si pour la conduite 100 % sportive, l'amateur préférera se tourner vers un modèle beaucoup plus raide permettant de mieux "sentir" l'engin, la ZS2 concilie haute vitesse et confort. Dès lors, le plaisir de "déposer" nombre d'autos actuelles au volant d'une 104 - à la plus grande stupéfaction de leurs conducteurs ! - est un plaisir dont on ne se lasse pas. En somme, si le concept de "mini GT" est totalement abusif, c'est un peu l'idée que l'on retient en quittant cette 104 pas comme les autres. A redécouvrir...


Les jantes Amil "6j 13 FH 3.16" montées sur les 104 comportaient l'inscription "Peugeot",
ce qui n'est pas le cas de notre exemplaire. Les puristes apprécieront notre exactitude !


SUPER !

. Fiabilité
. Look discret
. Rareté
QUOIQUE...

. Trop confortable !
.Instrumentation incomplète
.Direction lourde
.Rareté (modèle
et pièces spécifiques

Caractéristiques - Peugeot 104 ZS2 1979
- Moteur 4 cylindres en ligne tout alu en position transversale incliné à 72° vers l'arrière, type XYR, 1 361 cm3 (75x77 mm), 93 ch DIN à 5 800 tr/mn, 12,7 mkg à 4 500 tr/mn, taux de compression 10,2 à 1, soupapes en tête, 1 ACT, vilebrequin 5 paliers, 2 carbu. double corps Solex 35 PHHE9.
- Transmission aux roues AV, embrayage sec, boîte 4 vitesses
- Direction à crémaillère
- Freins assistés à double circuit, disques AV, tambours AR
- Suspension à roues indép., AV type McPherson, ress. hélic., amortis. télesc. ; AR à roues tirées, ressorts hélic., amort. télesc. ; AV/AR barre anti-dévers
- Structure/carrosserie coque autoporteuse acier, coach 3 portes
- Dimensions long. 3,31 m, larg. 1,53 m, haut. 1,35 m, empat. 2,23 m, voies AV/AR 1,33/1,28 m. Poids 780 kg
- Pneumatiques 165/70 SR13
- Performances vitesse maxi 173 km/h, 1 000 m DA. en 32,5 sec., 0 à 100 km/h en 10,5 sec., 400 m DA. en 17,1 sec
- Cote (+) 29 000 F.